Autoconsommation : produire et consommer sa propre énergie photovoltaïque

Produire et consommer sa propre électricité est une solution qui séduit de plus en plus les Français. En 2019, 63% des ménages déclaraient être intéressés par l’autoconsommation solaire. A l’horizon 2035, 4 millions de foyers produisant leur propre énergie seront raccordés au réseau (selon la RTE). Comment expliquer cet engouement ? Faisons le point.

Notre expert : Sylvain Bacquer

Sylvain Bacquer, ingénieur en Projets Photovoltaïques, il a commencé à travailler dans l’énergie en 2016.

L’interview

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L’autoconsommation solaire / photovoltaïque, définition et principe

Qu’est ce que l’autoconsommation photovoltaïque ?

• L’autoconsommation photovoltaïque consiste à installer des panneaux solaires, généralement sur le toit de son habitation, pour produire de l’électricité (autoproduction). Cette électricité est ensuite utilisée par le producteur in situ, pour sa propre consommation.
• Si l’installation est raccordée au réseau général, le producteur peut décider de revendre l’électricité non consommée.
• L’installateur met alors en place un compteur communicant pour mesurer la production électrique de l’installation, la consommation, et la production réinjectée dans le réseau.

70% des installations photovoltaïques en France métropolitaine ont choisi ce modèle : c’est ce qu’on appelle l’autoconsommation avec vente du surplus.

Infographie : les questions à se poser

Autoconsommation individuelle et autoconsommation collective.

• Dans la majorité des cas, l’autoconsommation concerne un producteur photovoltaïque individuel, qui peut être un particulier ou un professionnel.

On parle d’autoconsommation collective si le projet concerne plusieurs producteurs photovoltaïques et/ou plusieurs consommateurs, réunis au sein d’une même entité juridique, type association ou coopérative.

Le principe demeure le même :

• Le ou les consommateur(s) utilisent l’électricité photovoltaïque produite par le ou les producteur(s).
• Si cette électricité ne suffit pas à couvrir leurs besoins, le réseau général prend le relai.
• Si la production est excédentaire,  le ou les producteur(s) peuvent choisir de réinjecter le surplus électrique.

Avoir recours à l’autoconsommation collective présente plusieurs avantages :

• Alimenter en circuit court plusieurs bâtiments, d’usage similaire ou distinct (logements, école, gymnase, supermarché, etc…).
• Renforcer l’indépendance énergétique d’un territoire, d’une commune, ou d’une copropriété
• S’engager dans un projet commun
• Pas d’investissement financier pour les seuls consommateurs,

Autoconsommation solaire : quels avantages ?

Faire le choix de l’autoconsommation présente de nombreux avantages. 

Réduire sa facture d’électricité. 

• L’augmentation du prix de l’électricité suscite des inquiétudes, tant chez les particuliers que les professionnels. Beaucoup se tournent vers l’autoconsommation solaire pour réduire leurs factures. 
• Si l’investissement initial demeure conséquent (une installation photovoltaïque coûte cher), il existe des solutions pour rentabiliser cet investissement, voire s’équiper à moindre coût.

Réduire son impact environnemental

• L’énergie photovoltaïque est une énergie locale, verte, décarbonée et non polluante. Un panneau solaire, lorsqu’il produit de l’énergie, n’émet pas de CO2. Il est recyclable à plus de 94%.
• En conséquence, l’autoconsommation solaire séduit les utilisateurs conscients de l’impact de l’homme sur son environnement, soucieux de s’engager dans la transition énergétique globale. 
• Le déploiement du photovoltaïque en toiture contribue à augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français, tout en gardant une empreinte carbone basse. Ce constat est particulièrement vrai dans les outremers où la production énergétique locale est encore très dépendante du fioul et du charbon (alors que le nucléaire est dominant en France métropolitaine).

Devenir un consom’acteur

• L’autoconsommation permet de connaître l’origine de l’électricité consommée et de la moduler au besoin. C’est donc une très bonne solution pour ceux qui cherchent à être moins dépendant du réseau général et à reprendre la main sur leur consommation.

Le défi de l’autoconsommation : synchroniser sa production et sa consommation photovoltaïque

Rythmes de vie versus production d’énergie solaire

• La production d’électricité solaire est intermittente. Cela signifie qu’au cours de la journée, les panneaux solaires vont produire plus ou moins d’énergie.
• Les heures maximales d’ensoleillement (entre 11h et 17h) correspondent aux plus fortes périodes de production énergétique. Durant la nuit, les panneaux ne produisent pas d’électricité.
• En métropole, la saisonnalité est importante, avec une production plus faible en hiver.

Professionnels

• Ce n’est pas un problème pour le secteur professionnel, notamment tertiaire (espace de bureaux, hôpital, école, supermarché…) : les heures d’activité coïncident, dans la majorité des cas, avec ce créneau de production.

=> Pour ces structures, le taux d’autoconsommation, c’est-à-dire la part de la production d’électricité photovoltaïque consommée directement sur site, est très élevé : plus de 60% !

Logements

• Dans le secteur résidentiel en revanche, les pics de consommations électriques sont généralement enregistrés le matin et le soir (hors WE). Les heures maximales d’ensoleillement (de 11h à 17h) correspondent aux heures durant lesquelles de nombreux particuliers sont à l’extérieur du logement.
• Il est donc très rare que les périodes de production d’électricité coïncident avec les périodes de consommation. 

=> Le taux d’autoconsommation, dans ce cas, se situe entre 30 à 50%.

Le cas des outremers

• Contrairement à la France métropolitaine, les régions d’outremer se caractérisent par une forte consommation électrique au cours de la journée (surtout en entreprises). Cela s’explique par l’usage local de climatiseurs diurnes, très gourmands en énergie. Dans ces régions, il y a donc une meilleure synchronicité entre production photovoltaïque et besoins énergétiques. 

Optimiser le taux d’autoconsommation

Outils et équipements de pilotage

• Pour accroître le taux d’autoconsommation, certains utilisateurs choisissent d’avoir recours à des outils de pilotage à distance et à des logiciels de gestion de l’énergie.
• Ces dispositifs, plus ou moins coûteux, permettent de monitorer la production d’électricité et de moduler sa consommation.
• Ils permettent d’automatiser le lancement de certains équipements, comme le lave-linge, le lave-vaisselle ou le chauffage, ou de le programmer pendant la journée.

Technologies de stockage

• Des dispositifs de stockage (type batteries au lithium) peuvent être utilisés pour stocker l’électricité et l’utiliser hors des périodes d’ensoleillement. Le prix des batteries tend à diminuer, ce qui laisse présager que ce type de dispositif va se généraliser dans les prochaines années.

Changer ses habitudes

• S’il souhaite rentabiliser son installation, un auto-consommateur peut choisir de déplacer les usages les plus gourmands en énergie sur les heures d’ensoleillement maximum, ou de débrancher certains appareils.

En adaptant nos habitudes et en demeurant attentif aux variations de production d’énergie solaire, il est tout à fait possible d’optimiser son taux d’autoconsommation, et de rentabiliser au mieux son installation. 

Monter son projet d’autoconsommation

Bien estimer ses besoins en énergie

Pour réussir son projet d’autoconsommation solaire, il est essentiel de suivre plusieurs étapes.

• Estimer la consommation du foyer et ses besoins énergétiques. 
• Lister les équipements électriques de la maison : chauffage électrique, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, télé, ordinateurs, etc…
• Élaborer une journée type pour déterminer si ces équipements seront utilisés pendant les périodes d’ensoleillement ou non.
• Consulter les anciennes factures
• Utiliser des simulations en ligne…
• Estimer la capacité de production des panneaux solaires
• Quelle est la surface du toit disponible ?
• Son orientation et inclinaison ?
• Quels sont les données météo locales (heures et durée d’ensoleillement, journées plus ou moins longues, risques de coupures, etc…)
• L’habitation est-elle raccordée au réseau général ?
• Se renseigner sur les aides et les offres disponibles
• Ajuster son projet 
• Optimiser la taux d’autoconsommation

Connaîtres les aides à l’autoconsommation

La prime à l’autoconsommation (ou prime à l’investissement)

• Le montant de cette prime est calculé en fonction de la puissance photovoltaïque installée sur le bâtiment. Elle est attribuée aux particuliers, aux collectifs et aux entreprises qui ont fait le choix de l’autoconsommation avec vente du surplus. 
• Pour en bénéficier, il faut avoir fait appel à un professionnel RGE (Reconnu Gardien de l’Environnement) pour son installation.

L’Obligation d’achat

• Afin d’assurer la rentabilité des installations photovoltaïques en autoconsommation, l’Etat garantit le rachat du surplus d’électricité par EDF Obligation d’Achat. 
• Les tarifs d’achats, fixés par arrêté, dépendent de la puissance photovoltaïque installée et évoluent chaque trimestre. Ils sont consultables ici.

Aides fiscales

• Sous certaines conditions, des installations photovoltaïques raccordées au réseau peuvent bénéficier de crédits de TVA et d’exonération d’impôts.

Toutes ces mesures visent à favoriser l’essor du parc photovoltaïque en France et à encourager les citoyens à devenir acteurs de la transition énergétique.

De nombreuses ressources en ligne

• L’Ademe (Agence de la Transition écologique) a publié un guide très complet sur l’autoconsommation photovoltaïque.
• Un site très complet, sur le photovoltaïque en général
• Une carte interactive pour découvrir toutes les centrales photovoltaïques en activité (conçue par l’association BDPV, qui promeut le photovoltaïque).
• L’association GPPEP (Groupement des Particuliers Producteurs d’Electricité Photovoltaïque)
• Un outil de simulation conçu par l’association Hespul, pour estimer le productible d’une future installation photovoltaïque.

Conclusion

Encouragée par l’Etat, l’autoconsommation solaire permet à chacun de s’engager pleinement dans la transition énergétique. Il demeure néanmoins impératif de bien estimer ses besoins et de procéder à des études poussées avant de se lancer.