Energies renouvelables : l’agrivoltaïsme » français est prêt.
Jamais le prix de marché de l’électricité européen n’avait atteint de tels sommets qu’en cette année 2022. Jamais on n’aurait pu imaginer devoir appeler les entreprises et les citoyens à restreindre volontairement et intensément leur consommation d’électricité, afin d’éviter ou de limiter les risques de coupures ou de délestage cet hiver.
On sait déjà que tout au long de la décennie à venir, les opérations de maintenance programmées des centrales nucléaires françaises continueront à maintenir le réseau électrique français sous tension, et pas seulement en hiver.
Autant dire que dans le mix électrique français des prochaines années, chaque mégawatt ajouté comptera. Mais ceux qui compteront le plus sont ceux pouvant être ajoutés le plus rapidement possible. Or, c’est exactement ce que l’agrivoltaïsme » permet. À la clé : une production d’électricité locale, durable et compétitive sans dégrader l’activité agricole, qu’il s’agisse de culture ou d’élevage.
Avant d’aller plus loin, tuons dans l’œuf l’idée qu' »agri » et « voltaïsme » seraient antagonistes. La surface agricole utile française est évaluée à
28 millions d’hectares. L’ambitieux projet de disposer de 100 GW de production électrique grâce au photovoltaïque à horizon 2050, lui, ne s’installerait au total que sur… 200 000 hectares ! Soit 0,7 % du total des terres cultivées françaises. 200 000 hectares qui ne seraient en rien privés de leur potentiel agricole, bien au contraire.
Les panneaux peuvent en outre souvent apporter des services à l’exploitation agricole. L’ombre portée des panneaux solaires permet ainsi à des fermes piscicoles de contrôler la température des bassins. Elle offre aussi un abri à des élevages de volailles en plein air, comme des canards ou encore des poulets de chair. Même le bétail, qu’il s’agisse d’ovins ou de bovins, coexiste sans difficulté avec de grandes surfaces de panneaux solaires. La surélévation des panneaux augmente certes le coût de leur installation, sans pour autant nuire à l’équilibre économique de la ferme solaire. Côté agriculture, (…) il est même démontré que l’ombre prodiguée par les panneaux solaires permet de limiter le stress radiatif de certaines plantations qui y sont très sensibles, tout en limitant l’évapotranspiration aux heures les plus chaudes de la journée et en générant une baisse de température de plusieurs degrés en été.
Il est aussi possible, sur certains sites, que l’installation photovoltaïque n’apporte pas de service spécifique à l’activité agricole. Néanmoins, l’installation peut être réalisée sans gêner l’activité agricole et permet, outre ses vertus énergétiques, d’assurer un revenu complémentaire aux agriculteurs et donc une sérénité économique à un secteur en souffrance et des moyens d’investissement pour améliorer l’exploitation.
On le voit : la production d’électricité à l’aide de panneaux photovoltaïques, l’élevage et l’agriculture sont parfaitement compatibles. Pourvu que l’on se donne la peine de les rendre compatibles ! Ce, d’autant que le complément de revenu que l’agriculteur ou l’éleveur tirera de la location de ses terres, en plus de continuer à les exploiter, changera du tout au tout l’équilibre économique de son exploitation. Et s’il est en fermage, le revenu doit être intelligemment partagé entre le propriétaire et l’exploitant.
Gageons que la future loi sur l’Accélération des Énergies Renouvelables tiendra compte de tous ces paramètres, afin de faciliter le développement de projets de parcs « agrivoltaïques ». (…) c’est une des clefs pour parvenir à atteindre l’objectif de 40 GW crête d’électricité photovoltaïque à la fin de la décennie, à défaut de pouvoir tenir la date probablement trop ambitieuse de 2028.
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