L’Etat français a mis en place toute une série de mesures incitatives pour financer ces installations. Parallèlement, certains propriétaires optent pour une autre solution : financer l’installation de panneaux solaires en proposant leur terrain à la location.

Table des matières

Si tout le monde a déjà entendu parler des oiseaux migrateurs, plus rares sont ceux qui savent que les poissons sont aussi de grands voyageurs ! Certaines espèces, comme le saumon ou l’anguille (parfois appelée anguille « de mer »), parcourent plusieurs milliers de kilomètres pour se reproduire !

Depuis les années 70, la population des poissons migrateurs a chuté de 93% en Europe.

L’une des causes de ce déclin est la présence d’obstacles, dont une partie sont des barrages hydroélectriques, sur les cours d’eau empruntés par ces espèces pour leur migration.

Manon Lamboley, responsable hydraulique et environnement chez UNITe, revient sur ce phénomène.

Notre experte : Manon Lamboley

Manon Lamboley, Ingénieur Environnement et responsable hydraulique et environnement chez UNITe, nous donne quelques éléments de réponse.

L’interview

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Retrouvez le podcast :

Comprendre le phénomène de migration des espèces piscicoles

Des fleuves à la mer, et inversement

Les ichtyologistes distinguent deux types des migrations chez les poissons :

  • La migration holobiotique, qui se produit dans un seul milieu, comme le hareng, qui migre en eau salée, ou le brochet, qui migre en eau douce.
  • La migration amphibiotique, qui implique un déplacement entre l’eau douce et l’eau de mer.

Les grandes espèces de poissons migrateurs sont les poissons dits amphihalins, qui changent de milieu au cours de leur cycle de vie pour rejoindre un habitat nécessaire à leur développement.

En France, on dénombre plusieurs grandes espèces de poissons migrateurs amphihalins, comme : 

  • l’esturgeon européen (acipenser sturio), en danger critique d’extinction, chassé pour sa chair et ses œufs (caviar).
  • la grande alose (alosa alosa) et les aloses feintes méditerranéennes et atlantiques (alosa fallax), de la même famille que les harengs ou les sardines.
  • le saumon atlantique (salmo salar).
  • la truite de mer (salmo trutta trutta)
  • la lamproie fluviatile (lampetra fluviatis) et la lamproie marine (petromyzon marinus), au corps anguilliforme.
  • l’anguille européenne (anguilla anguilla), qui se reproduit en mer mais grandit en eau douce.

La remontée des cours d’eau est appelée montaison.

La descente est la dévalaison.

Une nécessité vitale pour les poissons migrateurs

  • Le but de la migration est de gagner un milieu plus propice à la croissance et à la reproduction.
  • C’est un phénomène instinctif, parfois cyclique.
  • Certaines espèces reviennent toujours dans le cours d’eau qui les a vues naître ! C’est le cas du saumon atlantique, qui retrouve sa frayère d’origine malgré une migration de plus de 4000 kilomètres ! C’est aussi le cas des anguilles de mer qui naissent en mer des Sargasses, au large de la Floride, avant de migrer vers les côtes européennes.

Ces migrations se produisent sur des périodes variables. Les salmonidés comme le saumon atlantique ou la truite de mer migrent de novembre à février, alors que d’autres poissons se mettent en mouvement de mars à juillet.

Les poissons migrateurs sont en voie de disparition

Les espèces piscicoles amphihalines sont naturellement dotées de grandes capacités de survie.

  • Elles sont capables de parcourir des milliers de kilomètres
  • Elles survivent en eau douce et en eau salée
  • Elles subissent des modifications physiologiques pour se préparer à tel ou tel milieu. C’est le cas des salmonidés comme la truite de mer ou le saumon atlantique dont le corps s’épaissit et la couleur change au moment de gagner la mer : sombre sur le dos, clair sur le ventre, afin de se camoufler dans les eaux marines. De même pour l’anguille européenne qui, de jaune, devient argentée pour se préparer à la migration.

Ces espèces sont pourtant en très grand danger.

  • Elles sont sensibles à la surpêche et au braconnage
  • Elles subissent les conséquences du réchauffement climatique : hausse des températures de l’eau, modification des courants marins, sécheresses…
  • Elles souffrent de l’altération de la qualité des eaux : pollutions, destruction du substrat des lits de rivières, présence d’espèces invasives…
  • Certains poissons migrateurs sont sensibles à la pollution artificielle lumineuse. Cette pollution altère les rythmes biologiques des espèces et peut perturber les mécanismes migratoires.
  • La présence de barrages et d’obstacles sur les cours d’eau retardent ou empêchent l’accès aux zones privilégiées de reproduction.

Entre 1970 et 2016, la population mondiale de poissons migrateurs a décliné de 76% !

L’Europe est la région la plus touchée avec un déclin de 93% au cours des 50 dernières années.

Infographie

Infographie barrage et migration des poissons
Infographie barrage et migration des poissons

Comment les barrages hydroélectriques affectent la circulation des poissons migrateurs

La filière hydroélectrique, par définition, a besoin des cours d’eau pour produire de l’électricité verte et renouvelable. 

Or, la construction de barrages ou de bassins de retenues constituent des obstacles qui peuvent bloquer ou ralentir la circulation des sédiments et la circulation des poissons.

Quelles conséquences pour les espèces piscicoles dont la survie dépend de ces migrations ?

La fragmentation des cours d’eau

L’activité humaine se traduit par la présence d’obstacles :

  • écluses de navigation
  • moulins
  • barrages hydroélectriques
  • bassins d’irrigation à destination agricole
  • axes routiers ou ferroviaires

En France, le nombre d’obstacles sur les cours d’eau a été estimé à  85 000 obstacles, soit un obstacle tous les 2 km en moyenne !

Près de 60% d’entre eux sont des ouvrages désaffectés.

Cette fragmentation a des conséquences sur la continuité écologique des écosystèmes.

  • Elle influence la dynamique sédimentaire : les sédiments sont ralentis ou ne sont plus charriés par l’écoulement de la rivière.
  • Elle gêne la circulation des poissons, qui sont ralentis ou ne peuvent atteindre des zones essentielles à leur cycle de vie.

Des impacts sur la montaison et la dévalaison des poissons

  • Les capacités de saut et de nage varient considérablement selon les espèces.
  • Dès lors qu’un obstacle dépasse 20 centimètres de hauteur, il peut s’avérer infranchissable pour certains.

Durant la phase de montaison, les tentatives de franchissement épuisent le poisson, qui est aussi très vulnérable aux prédateurs.

Le franchissement de ces dispositifs peut retarder la migration. L’accumulation des obstacles, et donc des retards potentiels, peut s’avérer fatale à une espèce comme le saumon atlantique qui doit rejoindre les frayères avant l’été pour échapper aux températures trop chaudes.

La dépense d’énergie induite par le franchissement de l’obstacle se paye aussi au moment de la ponte.

  • Certaines espèces, comme les lamproies, se reproduisent jusqu’à épuisement sur leur zone de reproduction. Les lamproies femelles peuvent pondre jusqu’à 200 000 œufs, dont seule une poignée arrivera à maturité.
  • L’énergie consacrée à franchir les obstacles est une énergie qui n’est donc pas investie dans la survie de l’espèce !
  • Quant aux poissons qui ne franchissent pas l’obstacle, ils ne se reproduisent pas ou le font dans des zones moins adaptées. Les pontes ont donc plus de risques d’échouer.

Pendant la dévalaison, les poissons n’ont parfois pas d’autre choix que de passer à travers les turbines des barrages hydroélectriques. Si ces dernières ne sont pas ichtyocompatibles, le risque de blessure est important et le taux de mortalité augmente.

Des espèces en danger

  • Dans le bassin Rhône-Méditerranée, la lamproie marine a presque totalement disparu, la lamproie fluviatile est en voie d’extinction, et l’esturgeon n’est plus présent depuis les années 70.
  • L’esturgeon d’Europe est en danger critique d’extinction malgré les efforts déployés depuis 1997. Les derniers représentants de cette espèce, dont la pêche est interdite depuis 1982, n’existe plus que dans le bassin Garonne-Dordogne !
  • L’anguille européenne est en danger critique d’extinction.
  • La Loire est le dernier fleuve français à abriter une population de saumons atlantiques, dit « saumons de l’Allier ».

Sauver les poissons migrateurs et assurer la continuité écologique sur les cours d’eau

La disparition des grands poissons migrateurs serait une perte irrémédiable pour la biodiversité.

Ces espèces constituent un patrimoine naturel et génétique irremplaçable et une importante ressource halieutique.

Cadre réglementaire

La Directive européenne du 23 octobre 2000, dite Directive-Cadre sur l’Eau (DCE) fixe l’objectif du « bon état écologique » des cours d’eau.

  • Cela passe par la préservation des écosystèmes aquatiques et la restauration de la continuité écologique, définie comme la libre circulation dans les cours d’eau des espèces piscicoles et des sédiments.
  • En France, cette directive s’est traduite par la Loi sur l’eau de 2006.

La politique de restauration de la continuité écologique passe aussi par la réglementation « rivières classées », du Code de l’Environnement (articles L-214-17)

Cette réglementation divise les cours d’eau en deux groupes :

  • la liste 1 : cours d’eau ou portions de cours d’eau définis comme des « réservoirs biologiques » : il est interdit d’y construire de nouveaux obstacles infranchissables.
  • la liste 2 : cours d’eau ou portions de cours d’eau identifiés comme des zones de déplacement pour les espèces piscicoles : toutes les infrastructures doivent être aménagées, pour la montaison comme la dévalaison, en fonction des besoins et des espèces présentes.

Dans les années 90, des Comités de gestion des poissons migrateurs ont élaboré des Plans de Gestion des Poissons Migrateurs (PlaGePoMi), établis pour 5 ans à l’échelle des grands bassins hydrographiques.

Un Plan National en faveur des Migrateurs Amphihalins (PNMA), piloté par l’Office Français de la Biodiversité, est en cours d’élaboration depuis 2021.

Certaines espèces font l’objet de plans de protection spécifiques : le saumon atlantique, l’esturgeon européen, l’anguille de mer.

Concilier biodiversité et production d’hydroélectricité

Approfondir nos connaissances sur les espèces migratrices

Plusieurs programmes de recherches ont pour objectif :

  • de cartographier les axes de migration empruntés par les poissons
  • d’étudier les habitats et les substrats de ponte
  • d’identifier les facteurs qui déclenchent la migration

D’autres études, comme le vidéo-comptage et le suivi par radiopistage, statuent sur l’efficacité des dispositifs de franchissement.

Ces travaux permettent de produire des connaissances et de sensibiliser les différents acteurs, notamment les gestionnaires privés, afin d’intégrer les migrations piscicoles dans les mécaniques décisionnaires.

Aménager les rivières

  • Si les ouvrages sont abandonnés, et qu’un équilibre biologique peut être retrouvé, la destruction du barrage est une solution à envisager. A défaut, installer des dispositifs de franchissement est nécessaire, sur les cours d’eau concernés, pour restaurer la continuité écologique de nos écosystèmes aquatiques.
  • La restauration d’au moins 25 000 kilomètres de rivières à l’état d’écoulement libre est l’un des éléments clés de la stratégie de l’Union Européenne en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030.

L’anguille de mer et la truite de mer : deux cas emblématiques

L’anguille : une espèce en danger critique d’extinction

L’anguille de mer est certainement le plus incroyable poisson voyageur au monde !

  • Toutes les anguilles d’Europe naissent au large de la Floride, en mer des Sargasses ! Les larves sont portées par le Gulf Stream et arrivent sur les côtes européennes après une migration de  7 à 9 mois !
  • De fait, les anguilles « de mer », sont également les poissons de nos rivières, mais à un autre stade de leur vie.
  • Elles peuvent rester dans les rivières entre 3 et 18 ans ! Quand l’anguille se métamorphose en anguille argentée, c’est qu’elle se prépare à reprendre la route pour retourner dans les Sargasses et se reproduire !
  • Elle parcourt plus de 10 000 kilomètres et traverse deux fois l’océan Atlantique !

L’anguille de mer est en danger critique d’extinction. Les stocks ont diminué de 95% au cours des dernières décennies. Victime du braconnage, de la surpêche et de la fragmentation de nos cours d’eau, elle est encore plus menacée que l’ours polaire !

En France, le Plan de Gestion Anguille (PGA) reprend les dispositions du règlement européen (Plan Anguille)  de 2007:

  • Constitution d’un programme de suivi des populations d’anguilles
  • Restauration des habitats humides
  • Définition des zones d’action prioritaires dans tous les bassins versants.
  • Quotas et limitation de la saison de pêche
  • 60% des d’anguilles capturées de moins de 12 cm sont utilisées à des fins de repeuplement.

La truite de mer : l’exemple du bassin de la Touques.

En France, la population de truite de mer (Salmo trutta trutta) est particulièrement étudiée sur la façade maritime de la Manche et dans les fleuves côtiers qui s’y rattachent (la Touques, la Bresle, L’Orne et la Seine).

Les jeunes truites, après 2-3 ans dans les rivières, entament un processus de smoltification, qui implique des changements morphologiques, physiologiques et comportementaux pour se préparer à la vie marine. Elles ne reviennent dans les rivières que pour se reproduire, de novembre à janvier.

  • Sur la Touques, plus de 70 ouvrages ont été aménagés ces dernières années pour aider la truite de mer à recoloniser le bassin.
  • Le plus emblématique de ces ouvrages est la passe à poisson de Breuil-en-Auge, qui est équipée d’un système de vidéo-comptage.

Les résultats sont édifiants : alors que la truite de mer ne pouvait accéder qu’à 15% de la surface du bassin en 1982, elle l’occupe désormais à 86% !

CONCLUSION

Les poissons migrateurs sont un patrimoine essentiel de la biodiversité. Il est impératif de les préserver et d’aménager nos cours d’eau afin de leur permettre de franchir les obstacles présents sur les rivières françaises, par exemple les barrages hydroélectriques.

UNITe l’a parfaitement compris et s’engage activement pour concilier hydroélectricité, énergie renouvelable et biodiversité.

Vous êtes une commune et vous avez une rivière que vous pensez exploitable ?

Le Groupe UNITe a été très heureux d’accueillir l’Assemblée Générale de l’ALPES HYDRO ASSOCIATION regroupant notamment des producteurs et professionnels de la filière #hydroélectrique des Alpes, en présence de M. Le Maire de Jausiers, Jacques Fortoul.

Une occasion pour :
👉faire le point sur les enjeux du développement hydroélectrique
👉échanger « technique » lors de la visite de la centrale du Parpaillon du Groupe UNITe.
Alexandre Albanel Maxime Gonzalez Cécile Dunand

Face à la recrudescence des projets photovoltaïques sur les parcelles agricoles, la loi française a imposé en mars dernier un cadre législatif très strict pour définir le photovoltaïque agricole.

Il en résulte une distinction marquée entre les installations qui relèvent de l’agrivoltaïsme et les installations solaires dites « compatibles ».

Adrien Brunetti, chef de projet en développement photovoltaïqueNotre expert : Adrien Brunetti

Adrien Brunetti, chef de projet en développement photovoltaïque chez UNITe, revient sur les enjeux de cette définition et sur la relation nécessaire entre approvisionnement agricole et approvisionnement en énergie verte.

L’interview

Au format vidéo :

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Energie photovoltaïque et terres agricoles, un mariage forcé ?

Photovoltaïque : une énergie désormais incontournable

Impossible aujourd’hui de nier les avantages qu’offre l’énergie solaire.

  • C’est une énergie verte et décarbonée, qui répond efficacement au défi de la transition énergétique et du changement climatique.
  • C’est une énergie recyclable à 96%. Les panneaux solaires sont principalement composés de silicium et n’utilisent pas de terres rares.
  • C’est une énergie silencieuse et non polluante. 
  • C’est une énergie infinie, qui utilise le rayonnement solaire.
  • C’est une énergie qui n’artificialise pas les sols. L’installation solaire ne détourne pas le terrain de sa fonction première
  • C’est une énergie fiable et compétitive. Sa compétitivité est assurée par :
  • le fort rendement des panneaux photovoltaïques sur le long terme
  • la durée de vie des centrales (estimée entre 20 et 30 ans)
  • le prix des panneaux photovoltaïques, qui a été divisé par 100 en seulement 20 ans.
  • C’est une énergie qui peut être installée en quelques semaines, contrairement aux centrales éoliennes ou nucléaires qui nécessitent de plus lourds investissements.

Pour toutes ces raisons, le déploiement de fermes agrivoltaïques constitue un compromis durable à l’abandon progressif des énergies fossiles.

L’attrait des producteurs photovoltaïques pour les terres agricoles

Aujourd’hui, les développeurs de projets photovoltaïques sont à la recherche de nouveaux terrains pour installer des fermes solaires.  C’est en effet au sol que le prix de revient de l’électricité solaire est le plus compétitif.

Le foncier idéal est une terre déjà artificialisée, qui a perdu sa fonction première.

  • C’est le cas des anciennes carrières ou des sites pollués, sur lesquels il est tout à fait possible d’installer des panneaux solaires pour produire de l’électricité.
  • Les terres artificialisées, cependant, ne suffiront pas à remplir les objectifs fixés par l’Europe et la France en matière de déploiement photovoltaïque.

La France s’est engagée à multiplier par 10 la puissance photovoltaïque installée d’ici 2050.

  • Cet engagement a été pris par Emmanuel Macron lors de son discours de Belfort en 2022.
  • Concrètement, cela signifie que nous avons besoin d’installer 100 à 130 GW de capacité solaire photovoltaïque d’ici 2050.

Si l’on veut tenir nos engagements, il est nécessaire de se tourner vers les terres agricoles, dont la surface est estimée à 29 millions d’hectares en France, et de faciliter l’installation de fermes photovoltaïques sur ces terres.

Les parcelles agricoles présentent un intérêt croissant et des discussions s’ouvrent entre les énergéticiens et les agriculteurs-éleveurs, inquiets de voir le foncier agricole leur échapper au profit d’un autre usage.

Le nouveau cadre juridique de la loi d’accélération des énergies renouvelables

Le contexte de la loi AER

En 2022, le déclenchement du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine s’est accompagné d’une forte pression sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe, ce qui impacte les prix de l’énergie en général.

La conséquence, outre une explosion des prix à la pompe, a été la prise de conscience par les gouvernements européens qu’il était urgent de miser sur d’autres types d’énergie et d’accélérer l’indépendance énergétique de l’Europe.

  • Les Etats membres se sont ainsi engagés à ce que les énergies renouvelables représentent 45% de leur mix énergétique d’ici à 2030 !
  • En France, cet effort porte principalement sur l’éolien off-shore et sur l’énergie photovoltaïque.

Le 10 mars 2023, la loi AER, dite « d’accélération des énergies renouvelables » a été promulguée, puis publiée au Journal officiel le 11 mars 2023.

  • L’une de ses mesures phares consiste en la définition, par les services municipaux, de « zones d’accélération prioritaires » sur le territoire de chaque commune.
  • Aujourd’hui, il s’écoule en moyenne 2 années entre la sécurisation du foncier et la délivrance du permis de construire pour une centrale solaire, le temps d’obtenir toutes les autorisations nécessaires.
  • Via ce système de zones, la loi vise à simplifier les procédures administratives et à « diviser par deux » le temps de mise en place des projets.
  • Elle vise aussi à équiper prioritairement le bâti existant, comme les toitures et les parkings.

Encadrer et définir le photovoltaïque agricole

La loi AER cherche aussi à encadrer plus rigoureusement la mise en place de projets photovoltaïques sur les terres agricoles.

Très attendu par les développeurs et les associations paysannes, le travail de définition du législateur a conduit à distinguer deux catégories de projets photovoltaïques pertinents sur terres agricoles :

  • les installations agrivoltaïques, qui relève de l’agrivoltaïsme
  • les installations photovoltaïques compatibles avec l’exercice d’une activité agricole, ou solaire agri-compatible. 

Infographie

Photovoltaïque agricole : agrivoltaïsme vs photovoltaïque agri compatible

La définition de l’agrivoltaïsme

Apparu en 2011, le terme « agrivoltaïsme » était utilisé à tort et à travers pour désigner indistinctement tous les projets d’installation de panneaux solaires sur les terres agricoles.

L’article 54 de la loi AER vient combler ce vide juridique et donne une définition précise à l’agrivoltaïsme.

Selon les termes de la loi : « Est considérée comme agrivoltaïque une installation qui apporte directement à la parcelle agricole au moins l’un des services suivants […]

  • L’amélioration du potentiel et de l’impact agronomique
  • L’adaptation au changement climatique
  • La protection contre les aléas
  • L’amélioration du bien-être animal

L’activité agricole demeure l’activité principale de la parcelle. La production d’énergie photovoltaïque est considérée comme secondaire.

Les modules photovoltaïques doivent « contribuer durablement à l’installation, au maintien et au développement d’une production agricole », tout en assurant « un revenu durable » à l’exploitant.

Toute installation qui porterait « une atteinte substantielle à l’un des services mentionnés » ou qui ne serait pas réversible ne peut être considérée comme agrivoltaïque.

  • Cette définition multicritères a le mérite de donner des gages de responsabilité aux porteurs de projets.
  • L’agrivoltaïsme est ici clairement mis au service de la production agricole et alimentaire. 

Un projet comme celui de Mézos, dans les Landes, peut être qualifié d’agrivoltaïque dans le mesure où les panneaux solaires, installés sur des bassins de pisciculture, procurent un service direct à l’exploitation : les ombrières photovoltaïques améliore le confort animal en apportant de l’ombre aux bassins, ce qui diminue la température de l’eau et diminue le stress des poissons d’élevage. Elles permettent aussi de protéger les truites des oiseaux marins.

Les installations photovoltaïques compatibles avec l’exercice d’une activité agricole

La loi AER apporte une distinction entre les installations agrivoltaïques, qui répondent aux critères énoncés ci-dessus, et les installations qui sont simplement compatibles avec l’exercice d’une activité agricole.

Sur ce type d’installation, le producteur photovoltaïque dégage une marge qui lui permet de verser un loyer à l’exploitant agricole.

  • Ces installations ont pour but premier de produire de l’électricité et de générer un bénéfice économique.
  • Elles sont conçues pour ne pas gêner la production agricole.

Un exemple type de solaire agri-compatible est la mise en place de modules photovoltaïques dans les champs de cultures céréalières. Les lignes de modules sont espacées d’environ 5 à 8 mètres pour permettre le passage d’engins agricoles.

Dans de nombreux cas, l’installation photovoltaïque compatible apporte également un service :

  • Les animaux d’élevage (ovins, bovins…) peuvent bénéficier de l’ombre générée par les ombrières, qui constituent aussi des abris en cas d’aléas climatiques ou de forte chaleur.
  • Dans le cas de volières photovoltaïques, les panneaux solaires renforcent les filets, apportent du confort aux volailles et protègent les points d’eau des déjections d’oiseaux, ce qui diminue le risque de transmission de la grippe aviaire.
  • Les revenus locatifs que touchent l’exploitant agricole peuvent être réinvestis dans l’exploitation.
  • L’exploitant peut également bénéficier de l’autoconsommation ou de la revente du surplus de l’électricité produite

Agrivoltaïsme et solaire agri-compatible : les enjeux d’une définition

Qu’il s’agisse d’agrivoltaïsme au sens strict ou de solaire agri-compatible, l’enjeu législatif est bien d’assurer une véritable synergie de fonctionnement entre production alimentaire et production d’énergie.

Plusieurs acteurs de la filière soulignent cependant les effets pervers de la loi et de sa définition très stricte de l’agrivoltaïsme.

  • Ils interpellent sur le fait que les documents d’aménagement du territoire, notamment les PLU (plans locaux d’urbanisme), utilisent l’expression « PV (photovoltaïque) autorisé si agrivoltaïque » pour définir la nature des parcelles.
  • Si le terme « agrivoltaïque » est interprété dans le sens très strict de l’article 54,  cela peut bloquer la mise en œuvre de projets solaires agri-compatibles et retarder considérablement  leur installation !

Défendre une utilisation raisonnée et maîtrisée des terres agricoles

La garantie apportée par la loi va dans le sens du discours professé par les développeurs depuis plusieurs années. Production agricole et production énergétique peuvent cohabiter, sans remettre en cause la souveraineté alimentaire de la France et le potentiel agronomique des terres concernées.

Les développeurs de projets photovoltaïques ont à cœur de répondre aux craintes et inquiétudes formulées par les exploitants et les citoyens. Parler de photovoltaïque agricole, c’est en effet s’exposer à un certain nombre d’idées reçues qui minent l’acceptabilité des projets.

« Non, le photovoltaïque ne va pas dévorer les terres agricoles »

L’objectif français est d’installer 100 à 130 GW de capacité solaire d’ici 2050. Si l’on repartit cet objectif entre terres déjà artificialisées et terres agricoles, cela revient à installer 65 GW de capacité photovoltaïque au sol sur des parcelles agricoles.

  • Dans l’état des technologies actuelles, nous avons donc besoin d’investir 60 000 hectares de terres agricoles pour y installer des panneaux solaires.
  • C’est 10 fois moins que la surface de terres allouées à la construction immobilière chaque année.
  • Cela correspond à 0,2% de la surface agricole française !

Peu de risques donc de voir les campagnes et les champs de cultures se transformer en champs de panneaux solaires. Le photovoltaïque n’est pas un ogre. Il ne va pas défigurer la campagne.

« Oui, le photovoltaïque sait cohabiter avec les exploitations agricoles »

Toutes les expériences de photovoltaïque agricole menées jusqu’à présent montrent que la cohabitation des deux usages sur la même parcelle est tout à fait possible.

Qu’il s’agisse d’agrivoltaïsme au sens de l’article 54 de la loi AER, ou de solaire agri-compatible, l’objectif de tout projet photovoltaïque est de respecter deux engagements fondamentaux :

  • ne pas porter atteinte à la production agricole
  • assurer l’approvisionnement en énergie décarbonée.

Plus important encore, dans les deux cas, c’est bien à la production énergétique de s’adapter à la production agricole, et non l’inverse. Il n’est aucunement question de prioriser l’énergie sur l’alimentation.

Préserver les terres agricoles demeurent la priorité

La vision du photovoltaïque agricole chez UNITe

La vision d’UNITe s’inscrit dans une perspective bien établie de coopération avec les acteurs du monde agricole.

Dans une tribune récente, Stéphane Moreau, directeur général, souligne que l’agrivoltaïsme français est prêt à collaborer efficacement avec les éleveurs et agriculteurs pour construire des projets agrivoltaïques pertinents, sans nuire à l’approvisionnement et à la souveraineté alimentaire française.

Pour convaincre, il est nécessaire de dialoguer avec les agriculteurs et les éleveurs, mais aussi avec les élus locaux. C’est en discutant, en apprenant à se connaître, que énergéticiens et acteurs du monde agricole pourront préserver l’espace rural qui doit demeurer un lieu de vie, une réserve de biodiversité et un espace social !

Améliorer les connaissances sur le photovoltaïque agricole

Depuis 2023, UNITe fait partie des entreprises signataires d’un protocole d’accord encadré par l’INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

  • L’Institut a mis en place un Pôle national de recherche sur l’Agrivoltaïsme, qui rassemble environ 70 acteurs publics et privés.
  • Son objectif ?  Mieux comprendre le comportement agricole sous les panneaux et produire des données scientifiques, fiables et objectives pour prouver que production agricole et production énergétique sont compatibles.

UNITe collabore également avec la Fédération Nationale Ovine (FNO) pour améliorer la conception technique de ses centrales et l’adapter aux différentes typologies d’exploitation.

Conclusion

La loi d’accélération des énergies renouvelables, en promulguant une définition stricte de l’agrivoltaïsme et du solaire agri-compatible, garantit la bonne santé de l’exploitation agricole qui accueille une installation photovoltaïque et veille aux synergies positives entre les deux activités. 

Le groupe UNITe est plus que jamais engagé auprès des acteurs agricoles pour concilier transition énergétique et souveraineté alimentaire.

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