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Interview sur l’éolien, entre UNITe et le Monde de l’Energie

👉Retrouvez l’interview de Xavier Permingeat, Directeur de l’activité Photovoltaïque chez UNITe, donnée au Monde de l’Energie sur l’Eolien.

Le Monde de l’Énergie ouvre ses colonnes à Xavier Permingeat, directeur de l’activité photovoltaïque d’UNITe, opérateur de centrales EnR (hydroélectricité, éolien, photovoltaïque), pour analyser la place de l’éolien terrestre dans la stratégie énergétique de la France.

Le Monde de l’Énergie —Pourquoi vous semble-t-il indispensable d’accélérer le développement de l’éolien terrestre en France ?

Xavier Permingeat —Même si RTE se veut rassurant sur le sujet, nous craignons de manquer d’électricité dès cet hiver et encore davantage pour le suivant et il parait illusoire d’espérer remettre suffisamment de réacteurs nucléaires en marche pour pallier cette situation à court terme. Dans ce contexte (et sans même parler du climat), les économies d’énergie et l’installation de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable sont la seule solution à notre portée. Or, l’éolien, comme le photovoltaïque, pourraient être déployés rapidement, pour peu qu’une réelle volonté politique se manifeste.

Le Monde de l’Énergie —La faible acceptabilité de l’éolien terrestre a poussé le gouvernement à le mettre en retrait, misant davantage sur l’éolien offshore et le photovoltaïque pour tenir ses objectifs de déploiement d’EnR. Toutefois, plusieurs mesures visent à augmenter cette acceptabilité, notamment en impliquant les populations très tôt dans les projets. Ces leviers vous semblent-ils suffisants ? Quelles autres mesures pourraient être prises ?

Xavier Permingeat —Ces leviers sont malheureusement insuffisants et l’instauration de débats publics, bien que nécessaires pour améliorer l’acceptabilité de ces projets, risque même de ralentir les dossiers en rajoutant une contrainte supplémentaires. Une mesure comme la suppression d’un échelon de juridiction semble plus pertinente dans cette optique mais n’est pas vraiment à même d’augmenter l’acceptabilité des projets. L’ouverture du capital des centrales pour les habitants des communes concernées et des communes voisines (qui souffrent des nuisances visuelles des projets sans en retirer de gains financiers), l’accès à des tarifs d’électricité préférentiels et la diminution de l’intensité des lumières nocturnes semblent être des pistes pertinentes.

Le Monde de l’Énergie —Plus globalement, comment améliorer l’image de l’éolien, et mieux valoriser le potentiel français ?

Xavier Permingeat —La première chose à faire serait de maintenir un discours constant et clair sur l’éolien, sans démagogie. Le fait que le gouvernement change régulièrement de position sur ce sujet n’aide pas à son appropriation par la population française. Imposer des standards élevés sur la recyclabilité des matériaux et du béton me semble également important. Il faut enfin dénoncer les idées reçues, parfois saugrenues, sur l’éolien et mettre en avant l’indépendance énergétique que cette technologie permet au pays.

Le Monde de l’Énergie —Certains analystes estiment que l’intermittence de l’éolien risque, si sa part dans le mix électrique augmente trop, d’imposer un recours accru au gaz naturel dans la production d’électricité pour stabiliser le réseau électrique et que maintenir une électricité nucléaire à 70% serait une meilleure stratégie. Qu’en pensez-vous ?

Xavier Permingeat —RTE lui-même, pourtant pas réputé être anti-nucléaire, a communiqué sur le fait qu’un scenario 100% renouvelable à horizon 2050 était envisageable. Pour cela, l’arrivée de moyens de stockage est nécessaire. De telles unité commencent aujourd’hui à être déployées à petite échelle en France mais ont prouvé leur pertinence dans d’autres pays (l’Australie par exemple) sur de très gros projets. Ces moyens de stockage, souvent des batteries au lithium, posent néanmoins d’autres problèmes de pollution et leurs rendements ne sont pas idéaux. Pour cette raison, maintenir une part de nucléaire à horizon 2050 me semble pertinent, mais autour de 50%. Je pense de toutes façons que malgré toutes les annonces gouvernementales, il est illusoire d’envisager l’installation de capacités suffisantes de renouvelables pour compenser l’arrêt de 61 GW de nucléaire et combler des besoins électriques qui vont augmenter, et ce en moins de 30 ans.