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Une volière photovoltaïque de gibier est une structure spécifiquement conçue pour produire de l’électricité solaire dans le cadre d’un élevage de gibier à plume, destiné à la chasse ou à être relâché dans la nature.
L’interview : Augustin d’Hotelans
Notre expert : Augustin d’Hotelans, chargé du développement et de la construction d’une volière photovoltaïque de gibier sur la commune de Loury (Centre-Val de Loire), revient sur la conception de ces volières qui répondent à des exigences spécifiques.
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L’élevage de gibier, une filière d’excellence méconnue du grand public
- Le terme « gibier », de l’ancien français « gibiez », chasse aux oiseaux, désigne l’ensemble des animaux non domestiques dont la chasse est autorisée.
- Il faut distinguer le gibier à poil (petit gibier (lièvre, lapin de garenne) et grand gibier (chevreuil, cerf, sanglier…)), et le gibier à plume (faisans, perdrix, cailles, bécasses, canards…).
En France, l’élevage de gibier concerne principalement le gibier à plume. Lapins, lièvres, sangliers et cervidés demeurent minoritaires.
Faisans, perdrix, et canards
Quelles sont les principales espèces concernées ?
- Reconnaissable à son plumage rouge cuivré et son large collier blanc, le faisan commun est la variété de faisans la plus répandue en France. Les femelles sont plus petites et moins colorées. Il existe d’autres espèces de faisans, comme le faisan chinois (dit aussi faisan américain), le faisan croisé chinois, et le faisan obscur. Le faisan vénéré, quant à lui, se caractérise par son magnifique plumage. Il est parfois surnommé roi des faisans de chasse. Sa queue peut atteindre 2m de longueur. Les faisans apprécient les zones ouvertes et cultivées, comme les plaines et les prairies, et se perchent pour dormir.
- Côté perdrix, il faut distinguer la perdrix grise, qui vit dans le nord de la France, et la perdrix rouge, présente au sud, qui tire son nom de ses pattes et de son bec coloré. Les perdrix apprécient particulièrement les plaines céréalières et vivent en groupe. C’est un oiseau au vol très rapide.
- Le canard colvert, enfin, appartient à la catégorie du gibier d’eau. Le mâle a la tête et le cou vert. La femelle est couleur brun moucheté.
Accouveurs et producteurs de gibier
Il existe deux types d’aviculteurs.
- Les « accouveurs », représentés par le Syndicat National des Accouveurs (SNA), élèvent principalement des oiseaux reproducteurs. Après la période de reproduction, les œufs sont placés en couvoirs jusqu’à la naissance des poussins.
- Les éleveurs de gibier, représentés par le Syndicat National des Producteurs de Gibier de Chasse (SNPGC), achètent des poussins à 1 jour pour les faire grandir avant de les placer en volière. Ces éleveurs procèdent à ce que l’on appelle des remises en nature : les oiseaux sont relâchés à certaines périodes de l’année.
La cynégéculture française, leader européen et gage de qualité
Apparu dans les années 70, l’élevage de gibier en France est aujourd’hui une filière d’excellence, n° 1 européen, placée sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture.
- Les éleveurs se réfèrent à une charte qualité, qui définit les meilleures pratiques d’élevage pour assurer le bien-être des oiseaux et maintenir un comportement proche de l’état sauvage.
- La filière est également à l’origine d’un programme de recherche, GibAdapt, qui vise à identifier les facteurs permettant de renforcer les comportement de survie et de reproduction.
- Ce programme intervient en complément de recherches poussées sur l’épigénétique, ou transmission ADN de comportements sauvages. En sélectionnant des oiseaux reproducteurs au capital génétique varié, il est possible d’obtenir du gibier en bonne santé, apte à se défendre et à se reproduire dans son milieu naturel.
Les éleveurs travaillent main dans la main avec les pouvoirs publics sur les questions de réglementation, notamment sanitaires, dans le contexte des menaces renouvelées d’influenza aviaire.
L’importance des remises en nature pour la biodiversité
Les oiseaux grandissent en volière avant d’être relâchés. Ces remises en natures, très encadrées, sont de trois types.
- Le gibier de printemps, ou gibier reproducteur, concerne les oiseaux qui sont relâchés de février à avril. Sélectionnés sur trois critères (aptitude à la reproduction, rusticité et résistance à la prédation), ces oiseaux sont destinés à créer une population de gibier sur un territoire donné.
- Le gibier d’été, ou gibier de repeuplement, désigne les espèces remises en nature de juin à août. Ce sont de jeunes oiseaux, relâchés pour renforcer une population aviaire existante.
- Le gibier de chasse, remis en nature entre septembre et janvier. C’est un gibier adulte, très proche des espèces sauvages, spécifiquement élevé et sélectionné pour ses qualités cynégétiques.
Les remises en nature permettent de compenser la baisse des populations sauvages, qui sont grandement impactées par l’artificialisation, la dégradation des milieux (agriculture, aménagement du territoire, dérèglement climatique…) et la prédation.
Sur la totalité du gibier remis en nature chaque année, plus d’un quart participe au renouvellement naturel des espèces.
Volière photovoltaïque et gibier : comment intégrer des panneaux solaires aux structures d’élevage ?
Qu’est ce qu’une volière photovoltaïque ?
Dans une exploitation avicole classique, une volière se caractérise par une clôture périphérique et des poteaux en bois qui soutiennent un filet.
- La superficie varie considérablement selon les exploitations (entre 2 et 35 hectares).
- Elle recouvre ce que l’on appelle le parcours de volaille.
- Sous les filets, l’éleveur entretient des bandes de culture ainsi qu’un couvert végétal qui permet aux oiseaux d’évoluer dans un milieu propice à leur croissance. Ils peuvent y dormir et chercher leur nourriture comme ils le feraient dans leur milieu naturel.
Une volière photovoltaïque vient remplacer la volière existante.
- Installée au-dessus du parcours, elle est constituée de structures non bardées dotées d’une couverture photovoltaïque (panneaux solaires), de filets entre ces structures, et d’une clôture périphérique qui vient redessiner l’ensemble. Elle permet d’augmenter la hauteur de vol des oiseaux, de réduire le nombre de poteaux de soutien des filets et de créer un outil de travail neuf et durable.
Les volières photovoltaïques permettent d’associer une activité avicole principale et une production d’énergie solaire secondaire.
Quels avantages ?
Construire une volière photovoltaïque a de nombreux avantages :
- Offrir une protection contre les aléas climatiques ainsi que des zones d’ombres aux oiseaux.
- Lutter efficacement contre le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), ou grippe aviaire : la volière offre une protection renforcée au-dessus du parcours d’élevage et empêche l’intrusion d’oiseaux extérieurs. Les mangeoires et abreuvoirs sont placés sous les panneaux, afin d’empêcher leur contamination par les fientes et déjections.
- S’adapter aux évolutions de la réglementation et aux mesures de biosécurité
- Moderniser les structures existantes, améliorer les conditions de travail de l’exploitant et renforcer la valeur financière de l’exploitation.
- Diversifier les sources de revenus de l’aviculteur (revenu locatif ou vente de l’électricité).
- Les élevages de gibier étant des sites anthropisés, l’impact des volières photovoltaïques sur l’environnement demeure très limité. Comme pour tout projet photovoltaïque, la construction d’une volière photovoltaïque de gibier est soumise à la constitution d’un dossier cas par cas auprès de la DREAL départementale.
Les défis spécifiques aux volières photovoltaïque de gibier
L’intégration paysagère
- Les sites d’élevage de gibier sont installés, pour la plupart, à l’écart des villes et des habitations, à proximité des zones boisées. Pour les éleveurs, cette discrétion est essentielle.
- UNITe doit donc veiller à dissimuler ses infrastructures en les insérant le plus possible dans l’environnement paysager existant. UNITe est capable de construire de nouvelles haies paysagères ou d’habiller les postes de transformation et de livraison d’un bardage spécifique par exemple.
Co-construire avec l’aviculteur
- L’aviculteur doit être au cœur du projet. Son expérience est essentielle pour déterminer les grandes zones de la volière et anticiper le comportement des oiseaux.
- La volière doit aussi s’adapter aux méthodes de travail et de production des élevages avicoles. UNITe, en collaboration avec le Syndicat National des Producteurs de Gibier de Chasse (SNPGC), a élaboré un cahier des charges spécifique pour assurer la bonne coexistence du photovoltaïque et de l’aviculture. Pour ces projets, le terme d’agrivoltaïsme est tout à fait adapté. L’activité avicole demeure l’activité principale de la parcelle.
Faciliter l’ensauvagement des oiseaux
- Nous avons précédemment souligné l’importance pour la filière gibier de maintenir le plus haut degré d’exigence et de qualité dans ses exploitations.
- Les méthodes d’élevage, très rigoureuses, offrent des garanties à la fois génétiques, sanitaires et comportementales. Chaque éleveur se conforme à une charte de qualité qui détaille très précisément les surfaces minimales et la densité d’oiseaux par volière, les normes de biosécurité et les conditions de remise en nature.
L’installation d’une volière photovoltaïque ne doit en aucun cas gêner les pratiques d’élevage qui garantissent cette qualité.
- Dans les faits, une volière photovoltaïque de gibier offre un meilleur cadre de vie aux oiseaux et favorise l’expression de comportements naturels (peur de l’homme, résistance à la prédation, recherche de nourriture, envol, etc…).
- C’est donc un excellent investissement pour assurer la production d’un gibier en excellente santé, adapté à son milieu naturel et capable de survivre à l’extérieur de la volière.
Conclusion
Compte tenu des exigences très strictes de la profession, les producteurs de gibier qui envisagent l’installation d’une volière photovoltaïque sont invités à prendre une part active dans la conception du projet et à adopter une perspective long terme. Nos experts chez UNITe sont capables de vous accompagner tout au long de ce projet.